Il y a des moments où, en pleine montée interminable, sous la pluie ou avec les jambes chargées de kilomètres, une idée tentante surgit : abandonner. Penser à renoncer pendant le Camino de Santiago est plus fréquent qu’on ne le pense. Peu importe combien de conseils on vous a donnés ; lorsque la fatigue physique se combine à l’épuisement mental, il est facile de sentir que le voyage vous dépasse.

Cela n’est pas une épreuve d’endurance ni une compétition. C’est une expérience profondément personnelle que chacun vit à son propre rythme, avec ses propres motivations, attentes et difficultés. Ceux qui le parcourent pour la première fois sont souvent confrontés à des doutes, des inconforts physiques et des moments de solitude qui, s’ils ne sont pas bien gérés, peuvent les amener à jeter l’éponge avant d’atteindre la destination.

Mais renoncer ne doit pas être une option inévitable. Il existe des stratégies, de petites décisions quotidiennes et des approches pratiques qui peuvent faire la différence entre abandonner ou continuer, même lorsque tout semble aller à l’envers.

Tout au long de cet article, nous explorerons des conseils concrets —dont beaucoup sont adaptés aux différentes routes du Camino— qui vous aideront à maintenir votre motivation, à prendre soin de votre corps et à trouver des raisons de continuer, pas à pas.

 

Comprendre pourquoi les gens abandonnent : les points de rupture les plus fréquents

Abandonner n’est généralement pas une décision soudaine. Dans la plupart des cas, c’est le résultat d’une accumulation de facteurs qui s’ajoutent sans qu’on s’en rende compte. Identifier ces points de rupture avant qu’ils ne surviennent est essentiel pour les prévenir et continuer avec confiance.

  • L’épuisement physique accumulé est l’une des raisons principales. Bien que le corps réponde bien au début, après trois ou quatre journées consécutives de marche, il est courant que des douleurs apparaissent. Les ampoules, les douleurs musculaires ou une simple éraflure mal soignée peuvent devenir des obstacles plus grands que n’importe quelle montagne.

Beaucoup de pèlerins sous-estiment la dureté de marcher avec un sac à dos pendant plusieurs heures par jour, et cela finit par leur coûter cher.

  • Un autre facteur décisif est l’épuisement mental. Le silence prolongé, la routine quotidienne et la déconnexion de l’environnement familier peuvent être difficiles à supporter. Pour ceux qui sont habitués au bruit constant de la vie quotidienne, se retrouver soudainement face à de longs tronçons de solitude peut provoquer un sentiment de vide ou de découragement.

 

  • Les attentes irréalistes jouent également un rôle important. Certains commencent l’aventure avec une vision idéalisée, imaginant un parcours idyllique sans complications. Lorsqu’ils sont confrontés à des imprévus (par exemple, une étape plus difficile que prévu ou une nuit sans bien dormir), un choc émotionnel se produit, ce qui mine la motivation.

 

  • Il ne faut pas non plus oublier les problèmes logistiques. Ne pas connaître le trajet, ne pas trouver d’hébergement, porter un sac à dos inapproprié ou ne pas savoir combien manger à chaque étape sont des erreurs courantes qui se traduisent par de l’inconfort, de la frustration et, parfois, l’abandon.

 

C’est pourquoi il est important de collaborer avec une agence de voyages Camino Santiago. En plus de vous aider avec la logistique, elles peuvent fournir des conseils sur chaque étape du trajet choisi.

  • Enfin, quelque chose d’aussi simple que ne pas savoir demander de l’aide. Certains pèlerins, par fierté ou ignorance, ne communiquent pas ce qu’ils ressentent ou ce dont ils ont besoin. Cela les isole et multiplie les difficultés, alors qu’en réalité, le Camino est plein de personnes prêtes à donner un coup de main.

Connaître ces points vous aidera à mieux vous préparer lorsqu’ils surviendront. Parce que oui, ils arriveront probablement. Mais si vous savez les reconnaître à temps, vous disposerez de bien plus d’outils pour les surmonter et continuer à marcher vers Saint-Jacques.

 

Bien choisir votre itinéraire : essentiel pour ne pas abandonner

Tous les Caminos de Santiago ne sont pas identiques. Bien que tous mènent au même objectif, l’expérience peut changer radicalement en fonction de l’itinéraire choisi. Et lorsqu’il s’agit d’éviter d’abandonner, choisir le bon itinéraire peut faire la différence entre profiter de chaque pas… ou se retrouver dépassé dès les premiers jours de la pèlerinage.

Ci-dessous, nous vous présentons quelques-unes des options les plus recommandées pour ceux qui débutent dans cette aventure. Chacune d’elles a ses avantages, que ce soit par la facilité du terrain, la beauté de l’environnement ou la proximité des services qui facilitent la journée du pèlerin.

 

Camino depuis Sarria : le classique pour arriver à Santiago sans surprise

L’un des itinéraires les plus choisis par ceux qui affrontent le Camino pour la première fois est celui qui commence à Sarria.

Pourquoi ? Parce qu’il permet de parcourir les 100 derniers kilomètres nécessaires pour obtenir la Compostela, sur un trajet qui allie facilité d’accès, étapes accessibles et un réseau de services très bien développé. De plus, la signalisation est impeccable, et les distances entre les villages permettent de planifier sans stress.

Étant une option très fréquentée, elle offre une compagnie constante —idéale pour ceux qui redoutent la solitude— et un sentiment de communauté qui réconforte lors des moments difficiles. Bien que cela puisse être un peu bondé en haute saison, sa popularité est compréhensible : c’est une manière sûre et émotionnellement enrichissante d’arriver à Santiago.

 

Camino portugais depuis Tui : accessible, beau et très agréable

Si c’est votre première fois, commencer par le Camino portugais depuis Tui peut être un excellent choix. C’est un itinéraire confortable, avec un bon revêtement et des étapes modérées qui ne nécessitent pas une grande préparation physique. De plus, il dispose d’une infrastructure excellente.

Le paysage est vert et accueillant, avec des villages charmants et une spiritualité qui se fait sentir sans excès. Beaucoup de pèlerins choisissent cette route précisément parce qu’elle leur permet de profiter du voyage sans se sentir submergés.

 

Camino du Nord depuis Ribadeo : motivation à travers le paysage

Ceux qui recherchent une expérience plus naturelle et ont besoin de stimuli visuels pour rester motivés trouveront un grand allié dans le Camino du Nord depuis Ribadeo. Ici, la mer Cantabrique vous accompagne pendant plusieurs étapes, offrant des vues spectaculaires, des brises fraîches et des couchers de soleil qui réconfortent même les jours les plus difficiles.

Cela dit, il faut garder à l’esprit que le dernier tronçon du Camino du Nord est un peu plus exigeant physiquement. Les montées et descentes sont présentes dès le début, mais le paysage aide à compenser l’effort. Idéal pour ceux qui trouvent de la force dans la beauté de l’environnement.

 

Camino de Santiago depuis Bilbao : pour ceux qui recherchent de la variété

Si vous vous lancez dans une expérience plus complète, qui combine le rural et l’urbain, le Camino de Santiago depuis Bilbao jusqu’à Santander peut être un choix inspirant. Cet itinéraire traverse des zones culturelles, des villes historiques, des ports de pêche et des environnements naturels qui alternent entre mer et montagne.

C’est une option parfaite pour ceux qui ont besoin de variété pour ne pas se déconnecter. De plus, commencer à Bilbao permet une logistique simple et un accès direct depuis de nombreuses villes. Et si un jour vous avez besoin d’une pause ou de réajuster votre étape, vous aurez des services et des options à portée de main. Nous vous rappelons également qu’il est possible de faire le Camino de Santiago par tronçons.

 

Camino Inglés : compact, direct et avec du caractère

Le Camino Inglés est une alternative fantastique pour ceux qui n’ont pas beaucoup de jours ou préfèrent commencer par une expérience plus courte. Cet itinéraire propose un parcours qui allie tranquillité et un rythme modéré, idéal pour ceux qui ne veulent pas trop forcer leur corps. Ses étapes sont plus courtes, mais elles incluent des dénivelés modérés qui permettent de s’entraîner à la progression sans atteindre l’épuisement.

Son profil moins saturé en fait un itinéraire plus introspectif, parfait pour les personnes qui apprécient le calme et la connexion avec leur environnement. De plus, sa durée moyenne — entre 5 et 7 jours — le rend très gérable tant sur le plan physique que mental.

 

Préparez votre corps et votre esprit, pas seulement votre sac à dos

L’une des erreurs les plus courantes chez ceux qui se lancent pour la première fois sur le Camino est de se concentrer uniquement sur les affaires : quelles chaussures porter, comment organiser son sac, combien de paires de chaussettes emporter. Et bien que tout cela soit important, il existe une préparation plus profonde — invisible mais essentielle — souvent négligée : la préparation physique et, surtout, mentale.

Commençons par la préparation physique. Il ne s’agit pas de s’entraîner comme si vous alliez courir un marathon, mais de habituer le corps à marcher chaque jour. Marcher plusieurs jours de suite n’a rien à voir avec une simple promenade occasionnelle.

L’idéal est de commencer au moins un mois avant avec des parcours de 10 à 15 kilomètres, trois fois par semaine, et d’augmenter progressivement la distance. Si vous pouvez faire au moins deux sorties avec un sac chargé, c’est encore mieux. Cela vous aidera à détecter les inconforts à temps, à tester vos chaussures réelles et à adapter votre posture au poids que vous allez porter.

Mais tout aussi important — voire plus — est de préparer votre esprit aux hauts et bas émotionnels qui surgiront inévitablement. Visualiser ce que vous allez vivre, accepter qu’il y aura des bons jours et d’autres plus difficiles, et avoir des stratégies pour vous motiver pendant les moments de découragement peut faire toute la différence.

Quelque chose d’aussi simple que de porter un carnet pour écrire comment vous vous sentez, préparer une liste de chansons qui vous donnent de l’énergie ou pratiquer la respiration consciente lorsque le moral flanche peut vous aider.

Le rappel est essentiel : le Camino ne se fait pas seulement avec les pieds, on avance aussi avec l’attitude. Et celle-ci, comme les muscles, se prépare également.

 

Le jour le plus difficile est souvent le quatrième : comment l’affronter

Bien que chaque pèlerin soit différent, il existe un certain schéma silencieux que beaucoup suivent sans le savoir : le quatrième jour est généralement le plus difficile. À ce moment-là, la fatigue accumulée commence à se faire sentir, les émotions s’intensifient et le corps n’est pas encore complètement adapté. C’est ce que certains appellent « le mur » du Camino, et il est aussi réel qu’il est surmontable.

Jusqu’à ce moment-là, l’enthousiasme initial vous soutient généralement. Mais une fois arrivé au quatrième jour, la douleur aux pieds, les petites blessures ou simplement le manque d’énergie peuvent vous faire commencer à vous demander si vous serez capable de continuer. Si à cela s’ajoute une étape plus exigeante ou un jour de mauvais temps, le cocktail émotionnel peut être dévastateur. C’est pourquoi, l’anticipation est la meilleure stratégie.

Une façon efficace d’y faire face est de planifier cette journée comme une étape plus courte, même si sur le papier elle semble facile. Accordez-vous quelques heures de repos, cherchez un hébergement plus proche ou permettez-vous de marcher plus lentement. Avoir un petit « prix » avec vous (un chocolat, un message motivant, une playlist spéciale) peut sembler anodin, mais cela fonctionne comme un rappel émotionnel.

Il est aussi important de se rappeler que s’arrêter ne signifie pas échouer. Si vous avez besoin de prendre l’après-midi libre, vous ne trahissez pas l’esprit du Camino. Au contraire, vous prenez soin de vous pour pouvoir continuer. Et ce qui est curieux, c’est que si vous réussissez à traverser cette journée sans abandonner, il est fort probable qu’au matin suivant, vous vous réveilliez avec de nouvelles envies de marcher. Parce qu’après le mur, souvent, vient la meilleure partie.

 

Micro-rituels qui vous aideront à continuer

Lorsque les forces faiblissent, ce qui vous maintient en marche n’est pas toujours la résistance physique, mais les petites habitudes qui vous reconnectent à l’objectif de votre voyage. Ces gestes quotidiens qui, bien qu’ils semblent insignifiants, agissent comme des ancres émotionnelles vous rappelant pourquoi vous avez commencé. Et le mieux, c’est que chacun peut créer les siens.

L’un des plus répandus est de tamponner la crédentiale à la fin de chaque étape. Au-delà de l’exigence pour obtenir la Compostela, cela devient une sorte de rituel de clôture, comme si vous cochiez un « check » interne dans votre progression. Voir les tampons s’accumuler sur votre crédentiale est une source de motivation visuelle infaillible, surtout lorsque le moral vacille.

Vous pouvez également ajouter des récompenses personnelles à la fin de chaque journée : un café spécial sur une terrasse tranquille, écrire quelques lignes dans votre carnet, un appel à une personne importante ou simplement vous offrir quelques minutes de silence face au paysage. Répéter une phrase motivante ou noter quelque chose pour lequel vous êtes reconnaissant peut également vous aider à recentrer l’expérience.

 

Entourez-vous bien : comment trouver du soutien sans dépendre de personne

Bien que beaucoup imaginent le Camino de Santiago comme un voyage en solitaire, la réalité est que la compagnie peut devenir l’une des plus grandes sources d’énergie pour continuer. Cela ne signifie pas que vous devez toujours marcher accompagné, mais savoir vous ouvrir aux autres lorsque vous en avez besoin, sans perdre votre espace personnel.

Sur le Camino, l’aide arrive souvent sans qu’on la demande : un mot d’encouragement quand vous ne l’attendez pas, quelqu’un qui partage son eau ou qui propose de porter votre sac sur un tronçon difficile. L’important est d’être réceptif à ces gestes et de ne pas confondre indépendance et isolement. Demander de l’aide ponctuellement ne vous rend pas moins pèlerin, cela vous rend humain.

Il est aussi utile de trouver des personnes ayant des rythmes similaires. Il n’est pas nécessaire qu’elles marchent à vos côtés tout le temps, mais savoir que vous vous retrouverez à la fin de la route dans le prochain village peut vous apporter cette tranquillité d’esprit qui empêche la fatigue mentale de prendre le dessus. Parfois, même une conversation de dix minutes peut suffire à retrouver votre motivation.

 

Apprenez à écouter votre corps (et quand s’arrêter sans abandonner)

L’un des plus grands défis du Camino de Santiago n’est pas seulement de continuer à marcher, mais savoir quand il est préférable de s’arrêter. Beaucoup de pèlerins, en particulier ceux qui le font pour la première fois, tombent dans le piège de pousser leur corps jusqu’à la limite par peur de « échouer » ou de « ne pas accomplir ». Mais en réalité, savoir s’arrêter à temps est l’une des façons les plus intelligentes de faire du chemin.

Il ne s’agit pas de la même chose que d’être fatigué ou d’avoir une blessure en développement. La douleur musculaire en fin de journée est normale ; les ampoules aussi. Mais si vous ressentez des douleurs persistantes, une inflammation des articulations ou une fatigue qui ne disparaît pas après du repos, il est temps de réévaluer votre étape ou même de prendre une journée de congé. Ignorer les signaux physiques ne peut que vous mener à un abandon forcé.

Nous vous rappelons à nouveau que faire une pause ne signifie pas abandonner. Vous pouvez avancer autrement : réduire le rythme, diviser l’étape en deux, ou même utiliser un transport sur un tronçon particulièrement difficile. Comme le disent de nombreux pèlerins expérimentés, parfois reculer d’un pas est la seule façon de continuer à avancer.