Le vent souffle violemment tandis que les vagues se brisent contre les falaises. Dans ce paysage naturel, un silence profond semble envelopper un coin oublié : le Cimetière des Anglais.
Quelles histoires se cachent derrière ces murs ? Quels échos du passé résonnent dans un endroit où la mer et la terre se rencontrent dans un duel éternel ? Parfois, les lieux les plus inattendus révèlent des récits fascinants. Dans cet espace, chaque pierre, chaque croix, chaque nom est un fragment d’une histoire qui mérite d’être découverte et comprise.
Índice de contenidos
- 1 L’histoire de la Costa da Morte
- 2 Détails du naufrage du HMS Serpent et son impact
- 3 Architecture et caractéristiques du cimetière
- 4 La solidarité de la communauté locale et la reconnaissance britannique
- 5 Le cimetière comme point d’intérêt touristique et culturel
- 6 Comment y accéder et recommandations pour la visite
- 7 Connexion avec les chemins de pèlerinage et les routes vers Saint-Jacques
L’histoire de la Costa da Morte
Le Cimetière des Anglais se trouve à Camariñas, une municipalité de la Costa da Morte, célèbre pour son littoral accidenté et dangereux.
Ce cimetière a été créé après le naufrage du HMS Serpent, un croiseur torpilleur britannique qui coula à la fin de l’année 1890. Sur les 175 membres d’équipage, seulement 3 survécurent. Les corps récupérés furent enterrés sur une colline voisine, qui fut ensuite consacrée à cet effet.
La mer rejeta les corps pendant plusieurs jours sur la plage de Trece. Les habitants de Xaviña et Camariñas collaborèrent pour enterrer les morts. Le prêtre local consacra le terrain, qui contenait déjà les restes d’un autre naufrage antérieur, celui du Iris Hull en 1883.
Ainsi naquit le Cimetière des Anglais, un lieu dédié aux victimes de plusieurs naufrages dans la région.
Détails du naufrage du HMS Serpent et son impact
Le HMS Serpent quitta Plymouth le 8 novembre 1890 en direction de la Sierra Leone. Il transportait 175 hommes, parmi lesquels des officiers et des membres d’équipage.
La nuit du 10 novembre, une tempête et la lumière faible du phare de Cabo Vilán provoquèrent l’échouage du navire contre les rochers de Punta do Boi. Le commandant Harry Leith Ross ordonna l’abandon du navire, mais seuls 3 marins survécurent. Pendant des semaines, la mer rejeta des corps sur la côte. Les habitants organisèrent leur collecte et leur enterrement.
Ce désastre causa une grande émotion en Galice et dans la Royal Navy britannique. En conséquence, l’obligation de porter des gilets de sauvetage sur tous les navires de la Royal Navy fut instaurée, améliorant ainsi la sécurité maritime.
Architecture et caractéristiques du cimetière
Le site couvre environ 3 000 mètres carrés et est entouré d’un mur en pierre avec des grilles en fer. L’entrée principale possède une arche portant l’inscription « British Cemetery« . Les tombes sont marquées de croix simples en fer, en pierre ou en bois. Certaines pierres tombales en marbre ont été apportées d’Europe et se distinguent parmi les sépultures.
Le design du cimetière est concentrique : au centre sont enterrés les officiers, et à l’extérieur, l’équipage. À l’origine, il y avait une division entre catholiques et protestants, mais celle-ci fut supprimée après une restauration en 1990.
C’est un lieu sobre, respectueux de l’environnement et de la mémoire des défunts.
La solidarité de la communauté locale et la reconnaissance britannique
Après le naufrage, la communauté de Camariñas fit preuve d’une grande humanité. Le prêtre de Xaviña organisa les funérailles et apporta son soutien aux survivants. La Royal Navy britannique remercia cette aide par des cadeaux symboliques : un baromètre pour le village, une montre en or pour le maire et un fusil pour le prêtre.
Pendant des années, des navires de guerre britanniques visitèrent le lieu pour rendre hommage en tirant des salves et en déposant des couronnes de fleurs. Cette reconnaissance reflète l’importance de la coopération entre les peuples face aux tragédies maritimes.
Le cimetière comme point d’intérêt touristique et culturel
Aujourd’hui, le Cimetière des Anglais est bien plus qu’un lieu de repos : il fait partie de la Route Européenne des Cimetière Singuliers, ce qui en fait une attraction touristique et culturelle d’envergure internationale.
Situé dans un cadre impressionnant face à l’océan Atlantique, en pleine Costa da Morte, ce petit endroit témoigne des tragédies maritimes et de la relation profonde entre l’homme et la mer. Son atmosphère invite à la réflexion et à la mémoire, en faisant un arrêt incontournable pour les voyageurs en quête d’expériences significatives.
Tout près de là se trouve le mont Branco, une dune géante qui offre des vues spectaculaires et un environnement naturel unique. La combinaison de l’histoire, du paysage et du patrimoine fait de cette région une destination complète, idéale pour ceux qui souhaitent découvrir la Costa da Morte sous un angle culturel et émotionnel.
Comment y accéder et recommandations pour la visite
Pour visiter le Cimetière des Anglais, il faut d’abord prendre la route AC-432, qui traverse une partie de la Costa da Morte. Au niveau d’un restaurant voisin, vous verrez un panneau indiquant le détour vers le lieu.
De là, vous accédez par un chemin rural qui, bien que étroit, est en bon état et bien signalé. Le trajet est court et facile, ce qui permet de profiter du paysage en chemin. L’environnement naturel est tranquille, silencieux et propice à une visite sereine, sans hâte.
Une fois sur place, il est recommandé de marcher lentement et de prêter attention aux inscriptions et aux détails des pierres tombales, dont beaucoup reflètent la tragédie des marins noyés.
Il est important de se rappeler qu’il s’agit d’un lieu à forte charge symbolique, et qu’il faut toujours adopter une attitude de respect.
De plus, la région offre la possibilité de faire des randonnées ou des étapes de pèlerinage, car de nombreux voyageurs incluent cet endroit comme une étape de leur chemin spirituel ou culturel. L’union de la mer, de l’histoire et du paysage crée une expérience unique.
Le Cimetière des Anglais va au-delà de sa fonction funéraire : c’est un lieu de mémoire, un symbole de tragédie, de solidarité et de respect face à la force de l’océan. Le visiter est une manière de rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie sur ces côtes et de garder vivante l’histoire dans un coin profondément émouvant.
Connexion avec les chemins de pèlerinage et les routes vers Saint-Jacques
Beaucoup de pèlerins sentent que le chemin ne se termine pas sur la place Obradoiro. Après être arrivés à Saint-Jacques-de-Compostelle, ils entament une seconde étape, plus intime et contemplative : la route vers le fin du monde, cet endroit où la terre semble se rendre face à la mer. C’est alors que la Costa da Morte apparaît à l’horizon, et en elle, le Cimetière des Anglais.
Bien que il ne fasse pas partie du tracé officiel du Chemin de Finisterre ou de Muxía, sa proximité avec cette dernière localité en a fait un de ces détours que beaucoup choisissent de prendre par volonté personnelle. À seulement quelques kilomètres de Muxía, visiter ce lieu est une manière de clore le voyage dans un espace qui, comme le Chemin lui-même, parle de perte, d’humanité et de transcendance.
- Ils sont nombreux à, après avoir parcouru le Chemin depuis Ribadeo, s’aventurer le long de la côte à la recherche de réponses différentes à celles que l’on trouve parmi les pierres millénaires et les places monumentales.
- Ceux qui ont fait le Chemin depuis Bilbao apportent avec eux la mémoire des falaises du nord, de la mer comme guide constante, et trouvent à Camariñas et ses côtes une sorte d’écho émotionnel.
- Et ceux qui ont vécu l’expérience du Chemin depuis Tui découvrent dans ce cimetière un contraste poétique : de la verdure du Miño au gris de l’Atlantique, de l’agitation du chemin à la tranquillité de ce lieu isolé.
Même ceux qui ont opté pour un Chemin de Saint-Jacques organisé apprécient d’ajouter, à la fin de leur parcours, cet endroit chargé de symbolisme. Parce que le voyage continue, même si les pieds s’arrêtent. Parce que certains endroits, comme ce cimetière ouvert sur la mer, ne figurent pas dans les guides ni sur les flèches jaunes, mais laissent une trace. Une trace différente, qui perdure.